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 (2012)

Les grandes figures de la décolonisation : Menelik, Hayle Selase et Iyasu
 (2012)

Conférence présentée par Simon Imbert-Vier (Centre d’études des mondes africains, CEMAf), au musée du quai Branly, le 5 avril 2012, dans le cadre du cycle « Histoire mondiale de la colonisation » organisé par l’Université populaire.

Le titre proposé par les organisateurs pour cette présentation apparaît paradoxal et ouvre des interrogations. En effet, il est usuel de dire qu’avec le Libéria, l’Éthiopie est le seul pays d’Afrique à ne pas avoir subit la domination coloniale européenne aux XIXe et XXe siècles. Ainsi, Menelik et Hayle Selase, qui dirigent l’Éthiopie de façon pratiquement continue de 1889 à 1974, ne seraient pas des figures de la décolonisation, mais plutôt de l’anti-colonialisme ou de la résistance à la colonisation.
Le récit de cette résistance, sa mise en scène, a été porté par le pouvoir impérial éthiopien et lui a servi de support idéologique, en relation avec l’église orthodoxe monophysite. Il s’appuie sur une présentation linéaire de l’histoire éthiopienne, en particulier chrétienne donc, et l’inscrit dans une continuité qui remonte au moins au XIIIe siècle.
Les chutes successives de l’empire, en 1974 et 1991, ont amené à la création d’un nouvel État, qui s’est appuyé sur une autre lecture de l’histoire éthiopienne. Il s’agit là encore du récit d’une résistance, mais de celle de périphéries opposées à un centre impérialiste.
Je vais vous présenter aujourd’hui les récits de ces résistances, à la lumière des recherches actuelles sur l’Éthiopie. Je terminerai en évoquant un troisième acteur, Iyasu, décrit actuellement comme ayant porté une conception différente de la construction nationale éthiopienne. Nous allons donc parler de résistances et colonisations et de formation nationale.

Une histoire de la résistance

Site de Yeha

En dehors des éléments sur les premiers hominidés (symbolisés par Lucy ou Dinqnesh, squelette fossile d’une Australopithecus afarensis daté d’environ 3,2 millions d’années, découvert en 1974), et de nombreuses manifestations rupestres, on trouve dans le Nord de l’Ethiopie actuelle des documents archéologiques importants datés du Ve siècle avant notre ère (comme le site de Yeha, à côté d’Adwa). Quelques centaines d’années encore mal connues plus tard, mais dans une continuité, le royaume d’Axum apparaît au Ier ou IIe siècle après JC. Au IIIe siècle, son influence s’étend peut-être du Nil (Meroe) à la mer Rouge, même s’il est centré au Nord de l’Ethiopie actuelle [1]. Il entretient des relations politiques, économiques et partage une culture commune avec le Sud-Ouest de l’Arabie (Arabie heureuse), symbolisée par le partage de la tradition de la rencontre entre le roi Solomon et la reine de Saba (Balqis pour les Arabes, Makeda pour les Éthiopiens).

Site archéologique d’Axum

C’est dans le cadre d’Axum que se déroule l’introduction du christianisme dans la région certainement à partir de traditions syriennes, monophysites [2]. Elle est datée habituellement du Ve siècle mais il n’existe pas de sources contemporaines de la christianisation. L’État axumite s’affaiblit ensuite, en conflit avec la Perse au VIIe siècle, puis avec des entités musulmanes. C’est une nouvelle période encore peu connue de quelques siècles.
Au XIIIe siècle apparaît un nouvel ensemble politique, lorsque la dynastie Zagwe, basée au Lästä, la région de Lalibela (où se trouvent des bâtiments monolithes creusés sans doute entre les VIIIe et XVe siècles), est renversée par Yekuno Amlak de l’Amhara, la région de Gondar. Il fonde une nouvelle dynastie, dite salomonide, qui s’appuie sur un renouveau religieux impulsé par Tekle Haimanot [3]. Si l’on parle de dynastie, il ne faut pas entendre une stricte succession biologique, mais politique. Le trône peut passer du père au fils, mais il n’y a pas de primo-géniture, d’ordre fixé, et en fait d’autres transmissions sont fréquentes.
A partir de 1527, peu après la disparition des États chrétiens de Nubie sous la pression musulmane, le royaume abyssin subit une série de conquêtes sous la direction d’Ahmad ibn Ibrahim, dit Grañ (le gaucher), natif de Zeila au Nord de la Somalie actuelle [4]. Ses armées, qui se revendiquent musulmanes, pénètrent à l’Est et au Nord, jusqu’à une intervention portugaise en 1541-1543. Cette dernière se continue avec une tentative missionnaire de conversion du pays au christianisme romain au début du XVIIe siècle. Mais c’est en fait un malentendu, chacun des acteurs ayant ses objectifs propres, l’intervention portugaise s’est intégrée dans des enjeux locaux [5]. La contradiction explose avec l’expulsion des Jésuites en 1632.

Châteaux de Gondar

Le pouvoir installé à Gondar connaît ensuite des phases alternées d’expansion et de régression, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ou commence une période de division que l’on appelle l’ère des princes (Zamana Masafent). Pour Shiferaw Bekele [6], il s’agit alors d’un système politique différent de la monarchie salomonide, celui des Wärä Seh. Le negus ne contrôle plus la réalité du pouvoir, passée entre les mains de « maires du palais ».

Tewodros

Un nouveau régime se met en place, avec le couronnement de Kasa Haylu comme negus negest sous le nom de Tewedros en février 1855. Fils d’un petit notable, arrivé au pouvoir par la force des armes, il se construit idéologiquement sur la continuation de la dynastie solomonide. Il entreprend d’unifier sous sa direction les provinces septentrionales : le Tigray, le Semen, l’Amhara, le Wälo, le Gojjam, le Shewa et tente de mettre en place une organisation nationale. Mais ses moyens sont insuffisants et il met en œuvre une coercition extrêmement violente face aux oppositions. Ne parvenant pas à obtenir l’assistance, en particulier technologique, de pays européens, il fini par retenir prisonnier un consul britannique. Une incroyable expédition – au moins 15 000 hommes de l’armée des Indes dont 5 000 Britanniques, des éléphants, un chemin de fer… – dirigée par le général Napier, est alors envoyée depuis les Indes. Elle parcourt le pays de Massawa à Mäqdälä en 1868. Tewodros se suicide plutôt que d’être capturé, dans un geste contraire à la morale chrétienne, mais dont le symbole reste. Cette intervention britannique n’est pas une occupation, il n’y a pas de volonté de rester en Ethiopie : l’heure coloniale en Afrique n’a pas encore sonnée, en particulier dans la Corne où le principal acteur « exogène » est l’Égypte.

Yohanes

Leur objectif atteint, les Britanniques repartent donc en emportant principalement la bibliothèque de Tewodros. Cette expédition n’est cependant pas sans suites car les Britanniques laissent une partie de leur matériel (6 canons, 850 fusils, des munitions et un instructeur, J.C. Kirkham, selon Bahru Zewde) à un dirigeant qui les avait soutenus : Kasa Mercha du Tigré. Ainsi équipé, ce dernier parvient à prendre le dessus sur ses concurrents – dont le plus puissant semble être Menelik, negus du Shewa depuis 1866 – et est couronné negus negest en janvier 1872 sous le nom de Yohanes. Il poursuit la politique de son prédécesseur, et est confronté aux même difficultés internes.
En 1875, l’Égypte qui entreprend de conquérir le Soudan depuis 1820, occupe Kassala depuis 1840, et ayant obtenu de la Turquie l’administration des côtes occidentales de la mer Rouge en 1866, installe des troupes à Massawa et Zeila. Elle donne une nouvelle ampleur à son projet en envoyant plusieurs armées dans l’intérieur de la Corne depuis les côtes de la mer Rouge. Elles échouent à Tadjoura, où le Suisse Munziger est tué vers Afambo, et dans le Nord où elles perdent la bataille de Gundet, mais occupent Harar et progressent au Soudan.
Yohannes choisit une nouvelle fois l’alliance avec les Britanniques, qui prennent le contrôle de l’Égypte en 1882 et décident l’évacuation du Soudan. Yohanes espère en obtenir un accès à la mer Rouge, vers Massawa. Il signe à Adwa le 3 juin 1884, un accord avec l’amiral anglais Hewett qui prévoit une assistance « éthiopienne » à l’évacuation des troupes anglo-égyptiennes du Soudan, en échange du Bogos, en particulier de Kassala.
Mais c’est à cette période que s’exerce par ailleurs la pression coloniale sur les territoires africains, appuyée sur les normes juridiques établies lors de la conférence de Berlin, et ce sont les Européens qui remplacent les Égyptiens sur les côtes, la France à Obock en 1884, l’Angleterre à Zeila en 1888 et l’Italie, qui possède Assab depuis 1869 en théorie mais ne l’occupe réellement qu’en 1882, obtient des Anglais de remplacer les Égyptiens à Massawa en 1885, en contradiction avec les promesses qui auraient été faites à Yohanes et en tout cas l’esprit de l’accord de 1884.
Yohanes entre alors en conflit avec les Italiens qui occupent le Bogos (bataille de Dogali en 1887), et contre les mahdistes soudanais qui occupent Kasala en 1885 et pillent Gondar en 1888. Il trouve la mort dans ce combat, à la bataille de Mätäma le 9 mars 1889.

Menelik

Le negus du Shewa, Menelik qui, après avoir été contraint de reconnaître la domination de Yohanes en 1878, a étendu ses territoires dans le Sud et le Sud-Est jusqu’à Harar et Arba Minch, en partie grâce à une aide militaire et financière des Italiens, parvient à s’imposer au Nord. Il est couronné negus negest le 3 novembre 1889. Peu auparavant, le 5 mai 1889, il signe à Wëchale un traité que l’Italie présente comme un protectorat en se basant sur la version italienne du texte. En 1893, Menelik rembourse le prêt consenti par les Italiens et dénonce l’accord, soutenu par la France.
L’Italie accentue sa pression militaire, et occupe tout le Tigré en octobre 1895. Mais, le 1er mars 1896, une armée italienne composée majoritairement d’Érythréens est sévèrement battue à Adwa par l’armée éthiopienne ; les survivants sont faits prisonniers. Cette défaite n’entraîne pas de recul territorial européen mais, cas à peu près unique dans l’histoire coloniale du XIXe siècle, interrompt la conquête.
Par cette victoire militaire, l’Éthiopie gagne son indépendance à défaut d’un accès à la mer. La construction du chemin de fer entre Djibouti et Addis Abeba commence peu après. La ligne, financée par le gouvernement français, atteint Dire Dawa en 1902 puis la construction s’arrête. L’Éthiopie se pare en même temps d’autres attributs de la modernité et de la souveraineté, émet des timbres et une monnaie, créé une banque (gérée par les Britanniques), etc.
Cependant, le 13 décembre 1906, malgré l’opposition de Menelik, France, Royaume-Uni et Italie signent un traité qui divise l’Ethiopie en zones d’influence. Ce n’est qu’après cet accord que la construction du chemin de fer peut reprendre ; il atteint Addis Abeba en 1917. Cette situation de dépendance caractérise ce que l’historien Bahru Zewde appelle « a sort of semi-colonial relationship » [7], comparable à la domination exercée sur la Turquie ou l’Iran.
Durant cette période, néanmoins, Menelik étend les territoires sous sa domination, en particulier vers le sud, jusqu’aux espaces contrôlés par les Britanniques en Afrique orientale, au lac Turkana, et vers l’ouest jusqu’au Soudan où la limite est Fachoda, lieu symbole de l’arrêt de l’expansion française devant la puissance anglaise en 1898.

À partir de 1906, Menelik est affaibli par des attaques cérébrales, qui se répètent en 1908. Il est impotent à partir de janvier 1909, puis perd semble-t-il toutes ses capacités physiques et mentales en octobre. Sa mort n’est annoncée qu’en décembre 1913 et officialisée en 1916. Il désigne en mai 1908 son petit-fils Iyasu comme son successeur.
Iyasu est l’enfant d’une fille de Menelik, qui n’est pas elle même issue de ses deux mariages qui sont restés stériles. Son père, ras Mikael du Wällo, est un proche de Menelik depuis 1874.
Iyasu, qui n’est pas couronné, est excommunié par l’abuna (le patriarche) pour apostasie le 27 septembre 1916, dans le cadre d’un coup d’Etat organisé par une coalition dirigée par Zawditu (fille de Menelik) et Tafari, né en 1892, cousin de Iyasu et fils d’un autre proche de Menelik (Mekonnen en charge du Harar jusqu’à sa mort en 1906), avec le soutien des légations anglaises, françaises et italiennes qui craignent un rapprochement de l’Ethiopie avec la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie et Turquie).
Les troupes de Iyasu et de son père sont battues à Sagale le 27 octobre 1916, au prix de 30 000 morts selon Harold Marcus[Marcus (Harold G.), The Life and Times of Menelik II : Ethiopia 1844-1913, Oxford, Clarendon Press, 1975, 298 p.]]. Mikael meurt en détention en 1918. Iyasu, en fuite, est arrêté en janvier 1921 ; il meurt sans doute assassiné en novembre 1935.
Zawditu est couronnée en février 1916, Tafari devient régent. Durant les quinze années suivantes se construit lentement le pouvoir de Tafari, qui s’appuie sur une modernité portée par une classe d’intellectuels formés à l’étranger [8]. Cette modernité est symbolisée par l’entrée de l’Éthiopie à la Société des Nations en 1923. La consolidation s’accompagne de celle de l’État central, qui s’organise et se renforce au détriment des périphéries. Elle culmine au début des années 1930, avec les défaites des dirigeants du Begemder, ras Gugsa en mars 1930, et du Gojjam, ras Haylu, en 1932.
En mars 1930, Zewditu meurt, ce qui permet à Tafari d’être couronné negus negest le 2 novembre 1930. Devenu Hayle Selase, il continue de consolider un Etat centralisé et absolutiste où la noblesse a perdu sa capacité de révolte, sauf peut-être au Tigre.
Le 5 décembre 1934 se déroule un petit incident frontalier en Ogaden, à Walwal. Il sert de prétexte à la conquête de l’Éthiopie par l’Italie depuis l’Erythrée et la Somalie à partir du 3 octobre 1935. Les Européens décident un embargo sur les armes à destination des belligérants, qui favorise en fait l’Italie. Les contre-offensives éthiopiennes échouent à Maychaw, fin mars 1936, et l’armée italienne, plus moderne, mieux équipée et qui n’hésite pas à utiliser des moyens terroristes contre les populations civiles (gaz, napalm…), occupe Addis Abeba le 5 mai.
Hayle Selasse ne reproduit pas le geste suicidaire de Tewodros face à l’invasion ; il part en train pour Djibouti le 3 mai et s’installe en Angleterre. Il prononce le 30 juin 1936 son fameux discours devant la Société des Nations dans lequel il dénonce le soutien objectif des puissances occidentales à l’agression italienne et met en évidence la faillite que cela représente pour le système international.

Hayle Selase devant la Société des Nations

Pendant ce temps, l’Éthiopie connaît une domination à vocation coloniale européenne, caractérisée comme ailleurs par la violence des relations entre colonisateurs et colonisés et la persistance de résistances qui rendent tout espoir de pacification et de contrôle total du territoire et des habitants illusoire. En 1941, les troupes alliées, principalement britanniques, entreprennent la reconquête de la Corne. En avril, elles occupent, ou libèrent, Addis Abeba où Hayle Selasse arrive symboliquement le 5 mai ; les Italiens capitulent complètement le 18 mai. Ce retour du negus est suivi d’une « reprise en main » du pouvoir, avec la mise au pas des dirigeants de la résistance qui contestent la légitimité d’Hayle Selasse, lui reprochant en particulier son départ. Ce dernier s’appuie alors sur le soutien britannique mais aussi sur l’administration mise en place par les Italiens. Plusieurs révoltes sont écrasées, dont celle des woyane au Tigre en 1943.
L’indépendance de l’Éthiopie est à nouveau proclamée, mais la prégnance anglaise est forte sur l’ensemble de la Corne avec l’occupation de la Somalie, de l’Éthiopie et de l’Érythrée, en plus du Soudan et du Sud du Yémen. Seul Djibouti reste à part, le territoire ne rallie les Alliés qu’en décembre 1942. En janvier 1942, un accord anglo-éthiopien consacre cette situation puisque la Grande-Bretagne est chargée de l’administration de l’ensemble des régions frontalières de l’Éthiopie. En décembre 1944, un nouvel accord permet à l’Éthiopie de retrouver sa souveraineté, en dehors de l’Ogaden et du Haud (régions qualifiées de Somalies, dans le cadre du projet de « Grande Somalie » élaboré par Ernest Bevin en 1945).
Finalement, l’Ogaden est « rendu » en septembre 1948, le Haud en 1954, et l’Érythrée est fédérée à l’Ethiopie par les Nations unies en 1952 avant d’être annexée en 1962. En 1963, au moment des indépendances, Hayle Selasse, opposé à une union des pays africains qui ne respecterait pas les entités issues du processus colonial, participe à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui installe son siège à Addis Abeba, présentée comme le symbole de la résistance à la colonisation…

Dernière image d’Hayle Selase

Après la Seconde Guerre mondiale, le régime d’Hayle Selasse ne remet pas en cause l’organisation et les structures du pouvoir. Il résiste à de nombreuses révoltes (Balé 1963-1970 ; Gojjam 1968 : Wälo 1948 et 1970 ; Sidamo 1960 ; etc., et bien sûr en Érythrée à partir de 1962) et à une tentative de coup d’Etat en 1960. En 1974, il est emporté par une révolution, légitimée par l’abandon de millions de ruraux à la famine et impulsée par les classes moyennes urbaines, en particulier les étudiants, après le ralliement des militaires qui finissent par diriger le pays. Hayle Selase est déposé le 12 septembre ; il meurt en prison, peut-être en août 1975, sans doute assassiné.
Son successeur est Menguistu Hayle Maryam, surnommé le negus rouge qui, en dépit de proclamations affirmant les droits des nationalités sur le modèle soviétique, mène la même politique nationale de renforcement du centre. Son gouvernement démantèle le système féodal, met en place une réforme agraire, etc., mais conserve le projet impérial de construction nationale. En particulier, il poursuit l’affrontement avec les nationalistes érythréens et gagne, avec le soutien cubain, la guerre qui l’oppose à la Somalie à propos de l’Ogaden en 1977. Il est à son tour renversé lorsque l’Érythrée gagne sa guerre d’indépendance en mai 1991. Il est remplacé par des militants nationalistes du Tigré qui, après avoir proclamé leur volonté de démanteler l’Éthiopie, mettent en place un « fédéralisme ethnique » qui signifie le maintien du pays et amène à une nouvelle guerre avec l’Érythrée en 1998-2000, qui n’est pas encore soldée.

Une histoire de colonialisme
Je vous ai donc présenté une histoire linéaire, construite autour de l’idée de la reconstitution permanente de l’Éthiopie, vue comme éternelle, face aux menaces extérieures, et du rôle de ses dirigeants dans cette résistance millénaire. Je vais maintenant vous en proposer une lecture différente, celle d’une histoire de colonialisme, où les résistance sont celles des périphéries et non du centre. C’est sur cette lecture que s’appuie l’actuel gouvernement éthiopien pour réaliser la construction nationale qu’il met en œuvre.

Avant de présenter ces analyses, il me semble utile de faire une digression sur un concept des études africaines, puisque nous parlons aujourd’hui d’histoire africaine : « ethnies » et « traditions ». En réaction à ce que l’on appelle la « mise en ethnies » de l’Afrique réalisée par l’ethnographie coloniale européenne, en France deux ouvrages collectifs ont été fondateurs d’une nouvelle approche qui rassemble au moins anthropologues et historiens : Au cœur de l’ethnie, dirigé en 1985 par Jean-Loup Amselle et Elikia Mbokolo, et Les ethnies ont une histoire, dirigé en 1989 par Jean-Pierre Chrétien et Gérard Prunier, qui regroupe des communication présentées en 1986 lors d’un colloque intitulé Dimension historique de l’ethnicité.
Ces publications mettent en évidence que les sociétés africaines ont la même historicité que les autres (dans la continuité sur ce point de Norbert Elias [9]). Ce que l’on appelle les « ethnies » sont des constructions sociales, politiques, identitaires, historiques datées et non des marqueurs indélébiles et éternels. Même s’il existe des approches différentes, qui considèrent l’ethnie plutôt comme une construction sociale ou plutôt comme un produit de l’histoire, il y a un accord général pour considérer qu’il s’agit de réalités dynamiques et historicisées. Comme le théorisait Fredrik Barth en 1969, les individus traversent constamment les « frontières ethniques » [10]. En ce sens, en Afrique comme en Europe ou ailleurs, les « traditions » ne sont que les représentations qu’une société se donne de son passé pour expliquer son présent et légitimer son projet [11].
Donc, si l’on doit se louer des efforts consacrés ces dernières décennies à l’études des sociétés africaines anciennes, il faut être attentif à ne pas essentialiser des réalités contemporaines en imaginant une continuité qui négligerait les transferts et ruptures. C’est un peu comme de vouloir écrire une histoire des Français depuis le XIVe siècle alors que nous ne savons formellement définir un Français que depuis la loi de 1889 étudiée par Gérard Noiriel [12]. Quoi que soit un Français sous Louis XI, il ne porte pas les mêmes représentations qu’aujourd’hui, on ne peut concrètement l’envisager que dans son contexte historiquement précisé.

En 1975, un étudiant éthiopien en sciences politiques, Addis Hiwet, publie à Londres un texte de 120 pages, Ethiopia : from autocracy to revolution, qui, s’il n’est pas le premier à traiter de ce thème, semble être fondateur par la systématique de son analyse et sert de référence à de nombreuses études postérieures. Il est suivi par de nombreux autres dont les précurseurs me semblent être les travaux de l’historien italien Alessandro Triulzi, actuellement professeur à l’université de Naples, qui s’est intéressé dès les années 1970 aux territoires sud-ouest de l’Éthiopie au XIXe siècle et publie sa thèse en 1981, et Mohammed Hassen qui soutient en 1983 à Londres une thèse d’histoire sur The Oromo of Ethiopia, 1500-1850, publiée en 1990 [13]. Il est actuellement professeur à la Georgia State University aux États-unis.
Dans son étude, Addis Hiwet, qui se revendique par ailleurs du marxisme comme tous les étudiants éthiopiens de l’époque, analyse le processus de (re)composition de l’Ethiopie au cours du XIXe siècle comme un colonialisme militaro-féodal (military-feudal-colonialism, p. 3) qui s’exprime à travers un processus de conquêtes et de soumission des peuples. Il décrit l’installation de « colons » avec la création de ketema et l’instauration d’un système de servage, le neftegna-gebber. Il décrit une situation coloniale dans le Sud, y compris une spoliation foncière.

Il analyse les événements de la deuxième partie du XIXe siècle comme la fabrication d’un impérialisme shewan. A partir de 1875, Menelik, qui se soumet à Yohanes en 1878, entreprend la constitution d’un empire colonial shewan dans le Sud de l’Éthiopie actuelle. En 1875, début de l’annexion du Gurage, en 1882, annexion du Jimma, Lima, Gera, Gura (oromo). Le Wellega et l’Arsi sont conquis en 1886, le Harar et l’Illubabor en 1887. Le Gurage est complètement occupé en 1889, puis l’Ogaden, le Bale et le Sidamo en 1891. En 1893, conquête du Kembata, du Wellamo en 1894, du Borena en 1896-1897 et des Nilotiques en 1898.
Il faut noter la simultanéité de cette appropriation et de celle réalisée par les Européens au même moment [14]. Pour lui, Adwa a comme conséquences l’écrasement du féodalisme tigréen, dominé par le shewan qui construit l’Éthiopie avec son réseau impérial, et la création de la colonie italienne en Erythrée. Notons aussi que le colonialisme n’apparaît pas fondé sur le critère religieux. Certes, le christianisme est la religion de l’empire, et la conversion un préalable à l’ascension sociale. Mais des chrétiens, en particulier dans le Nord, sont aussi parmi les dominés.

Ce récit de la construction d’un empire colonial shewan en Éthiopie au cours du XIXe siècle, s’il se veut dénonciateur s’intéresse en fait encore principalement au centre et se limite à la période contemporaine. À la suite des recherches d’Alessandro Triulzi, le travail de Mohamed Hassen sur les Oromos opère lui un décentrage, en mettant au cœur de son récit non pas l’Éthiopie mais l’Oromia. Il met donc les Oromos au centre au lieu de les maintenir dans la périphérie, tout en insistant sur l’ancienneté de leur « ethiopianité », et dénonce la domination qu’ils ont subie de la part des « Abyssins » à partir de la fin du XIXe siècle. On peut cependant s’interroger, ce qu’il ne fait pas pour des raisons militantes, sur la continuité oromo. En effet, au cours des siècles de nombreux groupes ont été agglutinés et sont devenus oromos sur le même modèle qui a fabriqué des shewans ou des somalis, et aujourd’hui les frontières entre les groupes sont toujours floues à l’échelle des individus. Comme le dit l’anthropologue Thomas Osmond : « L’identité oromo se décline en entités politico-religieuses régionales diverses associant la plupart du temps différentes appartenances ethniques » [15] ; il signale par exemple les circulations entre Somalis et Oromos.
Pour l’anecdote, d’autres travaux ont proposé des reconstructions sur les populations méridionales. Par exemple, vers 1901, un missionnaire français, Martial de Salviac, publie Un peuple antique au pays de Ménélik. Les Galla (dits d’origine gauloise), grande nation africaine. Il y estime que « l’Abyssin, toute réserve faite, serait le Romain, plus élégant, dominateur, efféminé. Les Galla seraient nos ancêtres, plus libres, frustes et mâles » (p. 19). En 1994, Roger Joint-Daguenet publie encore une Histoire moderne des Somalis - Les Gaulois de la Corne de l’Afrique. Ces publications montrent la facilité des utilisations possibles de systèmes de références hors de toute rigueur scientifique.

Régions fédérales de l’Éthiopie depuis 1991

Quoi qu’il en soit, cette conception d’une construction impériale et coloniale shewane – ou abyssine selon les situations – de l’Éthiopie au XIXe siècle est portée par les mouvements indépendantistes : les fronts armés érythréens (ELF puis EPLF), mais aussi les mouvements oromo (OLF), tigréen (TPLF), etc.
En 1991, le pouvoir central est renversé par les périphéries, dont le principal moteur militaire est le mouvement érythréen. Les nouveaux gouvernants (Meles Zenawi), issus d’un groupe qualifié de tigréen (qui se réclame des woyanes de 1943 et ont en partie participé au mouvement étudiant de 1974), entreprennent de libérer les peuples éthiopiens en leur reconnaissant un droit total à l’autodétermination et en mettant un place un système qualifié de « fédéralisme ethnique ». Les langues régionales sont reconnues et l’amharique devient symboliquement une simple « langue de travail » de la fédération, une grande autonomie est accordée aux entités régionales, des universités sont créées dans tout le pays, la place de l’islam est considéré au même titre que le christianisme, etc.
Cette évolution, salutaire à plus d’un titre, s’est accompagnée d’une multitude de travaux universitaires consacrés aux peuples et territoires périphériques. Ils détaillent les modalités de l’exploitation des territoires méridionaux et de la domination qui s’y exerce. Par exemple à propos de l’esclavage qui s’est fortement développé au XIXe siècle, comme au même moment dans le Soudan conquis par l’Egypte. Quelques études, comme celles impulsées par Bertrand Hirsch sur les cités musulmanes médiévales [16], malheureusement encore peu nombreuses, s’intéressent aux périphéries dans des périodes plus anciennes.
En ce qui concerne notre propos, la question coloniale, force est de constater qu’une seule entité « dominée » a obtenu son indépendance, l’Érythrée qui l’a conquise par les armes. C’est aussi le seul territoire qui a fait l’objet d’une colonisation européenne assez longue. Les autres espaces n’ont pas pu mener à terme un projet indépendantiste, confrontés à un État central qui a finalement conservé de nombreuses prérogatives et s’est à nouveau affronté militairement à l’Érythrée en 1998-2000. Ces questions restent encore aujourd’hui au cœur des réalités et des affrontements politiques dans la Corne, y compris en Somalie.

Une autre approche de la construction nationale
Cette étude des relations entre Éthiopie et colonisation nous a montré deux approches antagonistes de la construction nationale éthiopienne. La résistance du centre aux agressions extérieures ou celle des périphéries au colonialisme central.

Je vous propose, pour aller vers la conclusion, d’envisager non pas un troisième récit de légitimation, mais une autre approche. Les travaux de déconstruction du récit de la continuité solomonide permettent de reconsidérer l’histoire contemporaine de l’Éthiopie. Le glissement du centre du pouvoir vers le sud au cours du XIXe siècle peut s’expliquer par les nouveaux réseaux économiques qui se mettent alors en place. Les travaux de Richard Pankhurst à partir des années 1960, et ses nombreux continuateurs, montrent la mise en place de nouvelles productions (café, qat, etc.) qui s’insèrent dans une économie qui se mondialise, dont le symbole est longtemps le chemin de fer.

Iyasu

Nous avons vu que dans la continuité affirmée entre Menelik et Hayle Selase se glisse une rupture, le bref règne de Iyasu. Longtemps décrit comme un apostat aux mœurs dissolues, à la limite un usurpateur, il voit son rôle reconsidéré aujourd’hui, sa modernité est mise en avant. En France, il faut noter en particulier sur ce point les travaux d’Estelle Sohier.

Le père de Iyasu est un imam musulman, Muhamad Ali, responsable au Wällo sous l’autorité de Menelik depuis 1874. Il est baptisé dans l’église orthodoxe éthiopienne en 1878 sous le nom de Mikael, au moment de sa soumission à Yohanes en même temps que Menelik. A partir de 1882, il apparaît comme le responsable indiscuté de la province, alors porte de l’empire. Après le couronnement de Menelik en 1889, il épouse la deuxième fille du negus, Säwaräga, qui avait un fils né d’une première union. Iyasu, né en février 1897, est le deuxième enfant et premier fils du couple. Sa mère meurt peu après sa naissance.
Iyasu vit à Addis Abeba à partir de 1904. Après la mort de son demi-frère aîné en mars 1908, Menelik, déjà affaibli par la maladie, le désigne en mai comme héritier en tant que seul descendant mâle ; il a 11 ans et est d’abord placé sous la tutelle de ras Täsäma, qui meurt en avril 1911.
Menelik meurt officiellement en décembre 1913. Iyasu est alors negus, à 16 ans, mais il n’est pas officiellement couronné pour des raisons encore discutées. Depuis mai 1911, il préside le conseil de régence, utilise son propre sceau impérial et parcourt le pays pour s’affirmer auprès des responsables locaux. Je cite Estelle Sohier : « le prince s’allie aux dignitaires des régions périphériques en menant une active politique matrimoniale dans laquelle il s’investit personnellement puisqu’il épouse successivement les filles des chefs du Goggam, de Harar, Zayla, Gimma, etc. » [17]. Il entretient aussi des contacts avec le sayyid Muhamad Abdallah Hasan, leader de la guerre menée contre les Britanniques au Somaliland. Il fait défiler des troupes issues de groupes dominés (Afars et Somalis) lors de la fête de Meskal en septembre 1915.
Sa politique est aujourd’hui interprétée comme une tentative de refonder l’empire sans en modifier la structure féodale. Sans remettre en cause l’idéologie du pouvoir, mais pour « l’adapter à la réalité du territoire » [18] construit par son grand-père, il s’appuie sur les puissances périphériques, en particulier le Wällo et en partie le Harar, au détriment du pouvoir central shewan, qu’il contrôle mal. Pour ancrer son pouvoir, il mobilise la multiplicité de ses appartenances : chrétien, shewan et dominant par sa lignée maternelle ; musulman et dominé par son ascendance paternelle. Iyasu proposerait donc une vision multi-culturelle et moderne de l’identité éthiopienne.

Son échec est la conséquence de plusieurs facteurs, dont la crainte des Européens, en particulier de l’Angleterre, d’une alliance avec les Puissances centrales. Mais elle n’aboutit que parce qu’elle rencontre les inquiétudes de la noblesse centrale, shewane ou assimilée, d’être mise de côté. En particulier Zawditu, tante de Iysau, et Tafari Mekonen à qui Iyasu retire le Harar en août 1916. Cette région, porte du chemin de fer et de l’ouverture sur le monde, où sont encaissées les importantes taxes à l’importation et à l’exportation, est le pôle de la modernité éthiopienne. Qu’elle soit un enjeu important dans le conflit [19] montre que c’est bien la forme de la construction nationale éthiopienne qui est au cœur des débats.
Le projet d’Iyasu pour l’Éthiopie n’était pas révolutionnaire, il était peut-être cependant une piste de sortie à la situation coloniale. Mais en Éthiopie, comme dans le reste de l’Afrique, l’heure n’était pas à la décolonisation. Quand ce moment est venu, dans les années 1960, Hayle Selase apparaît comme un leader de la résistance au colonialisme par l’installation de l’OUA à Addis Abeba, alors qu’au même moment il annexe l’Érythrée et obtient que soient pérennisées les constructions nationales issues de la colonisation, dont l’Éthiopie.
Menelik et Hayle Selase ne sont pas des figures de la décolonisation mais s’insèrent à plusieurs titres dans l’histoire du colonialisme. Si le rôle du premier est encore discuté, celui du second, en particulier à partir de son couronnement, est aujourd’hui critiqué par la majorité des acteurs de l’Ethiopie contemporaine. L’étude de leur politique nous a permis de poser les éléments d’une réflexion sur les résistances, le colonialisme et les constructions nationales en Éthiopie dont j’espère que cet exposé qui se termine vous a éclairé sur les questions et les enjeux.
Je vous remercie de votre attention.

Indications bibliographiques

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[1Francis Anfray, Les Anciens Ethiopiens, Paris, Armand Colin, 1990, 277 p.

[2Dont les conceptions christiques sont rejetées par le concile de Chalcédoine en 451.

[3Marie-Laure Derat, Le domaine des rois éthiopiens (1270-1527), Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, 383 p.

[4Amélie Chekroun, Le Futuh al-Habaša : Écriture de l’histoire, guerre et société dans le Bar Sa’ad ad-din (Éthiopie, XVIe siècle), thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Bertrand Hirsch, université Paris I, 2013, 482 p.

[5Pennec (Hervé), Des jésuites au royaume du prêtre Jean (Ethiopie), Paris, Centre culturel Calouste Gulbenkian, 2003, 372 p.

[6Shiferaw Bekele, « The State in the Zamana Masafent (1786-1853) - An Essay in Reinterpretation », in Tadesse Beyene, Pankhurst (Richard), Shiferaw Bekele, éd., Kasa and Kasa - Papers on the Lives, Tiles and Images of Tewodros II and Yohannes IV (1855-1889), 1990, p. 25-68.

[7Bahru Zewde, A History of Modern Ethiopia - 1855-1974, London, James Currey, Eastern African Studies, 1991 (2e éd. 1999), 244 p.

[8Bahru Zewde, Pionneers of Change in Ethiopia : The reformist intellectuals of the early twentieth century, Addis Abeba University Press, James Currey (Londres), Ohio University Press, 2002, 228 p.

[9Norbert Elias, La société des individus, Paris, Arthème Fayard, 1991, 303 p.

[10Fredrik Barth, dir., Ethnic Groups and Boundaries : the social organization of culture difference, Oslo, 1969, 153 p.

[11Ranger (Terence), « L’invention de la tradition en Afrique au temps des colonies », in ), Hobsbawm et Terence Ranger, dir., L’invention de la tradition, 2012, p. 233-284

[12Gérard Noiriel, Le creuset français. Histoire de l’immigration XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1988 (rééd. 2006, Point Histoire), 451 p. Voir aussi Patrick Weil, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, Grasset, 2002, 401 p.

[13Mohamed Hassen, The Oromo of Ethiopia, A History 1570-1860, New Jersey, Red Sea Press, 1994 (1re éd. 1990, Cambridge UP), XVIII + 253 p.

[14Edward C. Keefer, « Great Britain and Ethiopia, 1897-1910 : Competition for Empire », The International Journal of African Historical Studies, vol. 6, n° 3, 1973, p. 468-474.

[15Thomas Osmond, « Jeux de pouvoir et référents identitaires. Quel statut institutionnel pour Dire Dawa ? », Politique africaine, n° 99, octobre, 2005, p. 64.

[16Hirsch (Bertrand), Fauvelle-Aymar (François-Xavier) [2002], « L’Éthiopie médiévale. État des lieux et nouveaux éclairages », Cahiers d’Études Africaines, n° 166, p. 315-335.

[17Sohier (Estelle), Portraits controversés d’un prince éthiopien. Iyasu 1897-1935, L’Archange Minotaure, 2011, p. 47-48.

[18Idem, p. 52.

[19Barnes (Cedric), « Provinces and princes - Power and the Eastern Ethiopian periphery (c 1906-1916) », Journal of Ethiopian Studies, vol. XXXIV, n° 2, décembre 2001, p. 95-120.

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